Dévastée

Publié le par Bathscheba M

Mes ongles parfaitement manucurés
frôlent ma fine glotte désensibilisée
pour que jaillisse violemment de ma frêle gorge
le liquide orgasmique dont je regorge.

Délicatement, mes cheveux sont aggripés
par ma main livide.
Au dessus de la cuvette blanchâtre maculée,
mon esprit se vide.

Les yeux embués de larmes, cette douce sensation
de lavement me fait espérer une libération.
C'est le dégout de l'humanité qui se déverse
dans les égouts de nos âmes, triste averse !

Avec soulagement, j'essuie le mascara suintant
sur mon visage.
Au ras du sol trop souvent souillé par le passage,
mon corps attend.

Assise là dans cet espace répugnant, la tête
vidée se remplit de nouveau d'images abjectes.
Le soulagement est trop court. Le mal être est
omniprésent, dans cet esprit irrémédiablement torturé.

Péniblement, j'ouvre sur un espace nauséabond
des yeux contaminés.
Avec la chasse disparait la pâle et lointaine illusion
d'une souffrance allégée.

Quittant lourdement le lieu de mes vices cachés,
mon être désabusé ne peut que fatalement souhaiter
que cette médiocrité qui chaque jour me hante
soit écartée par cette pulsion maladive, exorcisante.




Publié dans Poème scénarisé

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